Quatre actualités scientifiques qui ont retenu notre attention cette semaine.

Bons baisers de l’astéroïde

Rien de tel pour étudier un corps céleste que d’en ramener quelques grammes sur Terre, car nos labos sont bien plus perfectionnés que tous les instruments d’analyse qu’on pourra jamais envoyer dans l’espace. Pour la deuxième fois, la Jaxa (l’agence spatiale japonaise) a donc expédié une sonde vers un astéroïde avec l’objectif d’en ramener des échantillons. Hayabusa 2 est arrivé aux environs de Ryugu – un gros caillou de 880 mètres – cet été, après trois ans et demi de voyage.

La surface de l'astéroïde Ryugu vue par le mini-rover 1B après son largage par la sonde Hayabusa 2, le 23 septembre 2018.La surface de l’astéroïde Ryugu vue par le mini-rover 1B après son largage par la sonde Hayabusa 2, le 23 septembre 2018. (Photo Jaxa)

Elle a largué la semaine dernière à sa surface deux mini-robots chargés de tâter le terrain, prendre des photos, évaluer la consistance du sol… Bref, jouer une répétition générale avant le débarquement du vrai module d’atterrissage, nommé Mascot, prévu pour le 3 octobre. Les deux mini-robots ont pris des photos, et même une courte vidéo depuis la surface de Ryugu. On n’a pas souvent l’occasion de voir le Soleil à travers le ciel depuis un autre monde…

Ce n’est pas Mascot qui récoltera les échantillons mais la sonde elle-même, en effectuant deux vols en rase-mottes pour aspirer des poussières dans un tube de collecte. Elle ramassera d’abord des poussières de surface, puis balancera un explosif à 500 mètres d’altitude pour créer un cratère et ira y récupérer des fragments de roches souterraines.

Une main de bronze dans un gant de terre

Ce sont des particuliers qui l’ont trouvée au détecteur à métaux, en cherchant des trésors du côté de Prêles, au Nord-Ouest de la Suisse : une main en bronze, presque grandeur nature, avec une fine plaque d’or autour du poignet, ainsi qu’une lame de poignard en bronze et… une côte humaine. Les découvreurs ont remis leur trouvaille en octobre dernier au service archéologique de Berne, qui s’applique depuis à fouiller les lieux et à dater les objets.

Une lame de poignard, une fibule et une spirale servant d’ornement capillaire, le tout en bronze, trouvés en Suisse. Une lame de poignard, une fibule et une spirale servant d’ornement capillaire, le tout en bronze, trouvés en Suisse. (Photo Service archéologique du canton de Berne, Philippe Joner)

Les résultats sont très intéressants : «La datation au carbone 14 a permis de déterminer que la main en bronze datait de 1500 à 1400 av. J.-C.», et la côte humaine est plus jeune d’une centaine d’années. 3 500 ans d’âge, c’est un nouveau record : «A la connaissance des spécialistes suisses, allemands et français, on n’a jamais trouvé de sculpture comparable datant de l’Âge du bronze en Europe centrale. La main de Prêles est à ce jour la pièce en bronze la plus ancienne figurant une partie du corps humain.»

Sur les lieux de la découverte, les archéologues suisses ont mis au jour cet été «une tombe contenant les ossements d’un homme adulte», d’où proviennent tous les objets en bronze photographiés ci-dessus. L'«homme à la main de bronze» devait être de haut rang.

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Soucis financiers en orbite

La période de transition entre les derniers vols d’Ariane 5 et les premières commandes pour Ariane 6 risque de se révéler délicate. Selon les informations de la Tribune, «Arianespace doit s’aligner sur les prix de SpaceX pour vendre 60 millions de dollars» un vol sur Ariane 6, dont la mise en service est prévue pour 2020, et les vols d’Ariane 5 en 2018 sont bradés à 110 millions de dollars l’unité, donc vendus à perte, alors qu’ils valaient 130 millions l’an dernier. Pour éviter un trop gros déficit (qui se compte en centaines de milliers d’euros) et tenter l’équilibre, Arianespace compte sur un plan de soutien des pouvoirs publics renouvelé et envisage de réduire les coûts de fabrication d’Ariane 5, voire de sucrer quelques-uns de ses vols pendant la période de transition avec Ariane 6.

Une fusée Ariane 5 à Kourou, en 2011.

Une Ariane 5 au centre spatial de Kourou, en 2011. (Photo Elisabetta Monaco, CC BY)

Par ailleurs, on apprend cette semaine que la Securities and Exchange Commission (SEC), gendarme américain de la Nourse, a déposé une plainte contre Elon Musk pour «une série de déclarations fausses et trompeuses». Le patron des fusées SpaceX et des voitures Tesla avait tweeté en août qu’il envisageait de retirer Tesla de la bourse et que cette opération à 62 milliards d’euros était «garantie». C’est faux, estime la SEC : Musk n’aurait discuté de ce financement avec personne. Mauvaise publicité pour Musk, qui fait son buzz depuis deux semaines avec l’annonce d’un voyage pour la Lune en 2023, emportant à son bord un milliardaire japonais et des artistes.

Le passage des oiseaux migrateurs

Des bernaches nonnettes (Branta leucopsis) vers Ystad, en Suède, en 2012. Elles migrent habituellement vers la Grande-Bretagne, l'Allemagne et les Pays-Bas en saison hivernale.Des bernaches nonnettes (Branta leucopsis) vers Ystad, en Suède, en 2012. Elles migrent habituellement vers la Grande-Bretagne, l’Allemagne et les Pays-Bas en saison hivernale. (Photo Jonn Leffmann, CC BY)

L’automne s’installe, la température baisse et les oiseaux s’en vont. La Ligue pout la protection des oiseaux (LPO) organise 67 animations à travers la France pour profiter du passage des oiseaux migrateurs, le week-end prochain – samedi 6 et dimanche 7 octobre. Observation aux jumelles et à la longue-vue avec des ornithologues chevronnés, visite des stations de baguage, reconnaissance du cri des oiseaux… Les activités sont concentrées sur quelques départements bien lotis comme la Charente-Maritime, la Vendée, le Doubs, l’Hérault et les Pyrénées-Atlantiques. Toutes les informations sont sur le site EuroBirdwatch.

Et aussi…

Ariane 5 a fêté son centième décollage mardi soir, à Kourou, en Guyane, emportant deux satellites de communication. Retour sur quelques souvenirs marquants depuis son explosion initiale en 1996.

Pourquoi ne voyons-nous pas noir lorsque nous clignons des yeux ? Lors des clignements réflexes, aucune lumière n’arrive sur notre rétine et pourtant nous ne sommes pas plongés dans l’obscurité. Pourquoi ? Parce que notre cerveau a de la mémoire.

«Ouvrons davantage les instituts français de recherche à l’étranger». Le réseau, présent dans 27 pays, ne recrute que des chercheurs français ou ressortissants de l’UE. Et pourtant, le regard de chercheurs extra-européens pourrait constituer un atout pour la production des savoirs en sciences sociales. Une tribune de Jamie Furniss, anthropologue à l’université d’Edimbourg.

Camille Gévaudan