(Ottawa) Les abeilles sont deux fois moins susceptibles de se retrouver dans des zones où elles étaient autrefois communes à cause des changements climatiques, selon une nouvelle étude.
« Beaucoup d’endroits deviennent trop souvent dans la même année tout simplement beaucoup trop chaud pour elles », explique Peter Soroye, un biologiste de l’Université d’Ottawa.
Les abeilles jouent un rôle crucial pour l’agriculture. Selon les Nations Unies, environ un tiers des récoltes mondiales dépendent des pollinisateurs.
Les abeilles sont confrontées à une série de dangers depuis plusieurs années : perte d’habitat, parasites et utilisation de pesticides. Selon une étude de 2011, les espèces de bourdons sauvages ont diminué de jusqu’à 96 % et que leurs aires de répartition s’étaient rétrécies d’au moins un quart.
Les changements climatiques sont également un facteur dans le déclin des abeilles, ont souligné M. Soroye et des collègues. Leur article a été publié jeudi dans la revue Science.
Selon M. Soroye, ce qui nuit le plus aux abeilles, ce sont les périodes de conditions météorologiques extrêmes.
« Les températures deviennent un peu plus chaudes chaque année, la plupart des espèces peuvent probablement tolérer cela, explique-t-il. Mais quand on a une semaine de températures de plus de 40 degrés Celsius, c’est quelque chose qui est vraiment difficile à tolérer pour les abeilles. »
En se penchant sur près d’un siècle de documents et de données sur 66 espèces d’abeilles, ces chercheurs ont trouvé une corrélation claire entre les relevés des populations d’abeilles et les conditions météorologiques qui dépassaient leur seuil de tolérance.
Ils ont découvert un lien puissant entre le déclin de la population et ce que l’article appelle le « chaos climatique ».
« Les découvertes subites ne se produisent généralement pas, signale le coauteur Jeremy Kerr, un professeur à l’Université d’Ottawa. Habituellement, on repère quelque chose dans les données. On plisse les yeux en se disant que c’est étrange. Mais là, toutes nos hypothèses se sont avérées. »
Selon les auteurs, la probabilité qu’un pré ou un terrain vacant soit encore le territoire d’un groupe d’abeilles, une ou deux générations plus tard, n’est que de 50 % à cause des changements climatiques en Amérique du Nord. Le risque d’extinction de l’espèce a également augmenté.
M. Soroye reconnaît que si certaines régions ont profité du temps plus chaud et accueillent un plus grand nombre d’abeilles, la tendance générale est à la baisse.
Son collègue fait valoir que cette étude a l’avantage d’être immédiatement utile aux apiculteurs ou aux gestionnaires de la faune.
« Si on peut gérer nos habitats pour maintenir des microclimats ou des petits tampons d’habitat comme une haie, cela a le même effet que de mettre un arbre dans son jardin par une chaude journée, a-t-il dit. On peut aller s’asseoir à l’ombre, tout comme un bourdon. »
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