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Les progrès constants du programme spatial chinois - ICI.Radio-Canada.ca

La sonde dans un paysage lunaire.
La sonde chinoise Change'e 4 s'est posée sur la face cachée de la Lune le 3 janvier. Photo: Associated Press / Xinhua

L'alunissage réussi de la sonde chinoise Chang'e 4 a soulevé de nombreuses questions sur le programme spatial chinois. En réalisant cette prouesse technologique de poser un satellite sur la face cachée de la Lune, la Chine est-elle en train d'afficher ses ambitions spatiales?

Un texte de Richard Massicotte, de l'émission Les années lumière

Depuis le lancement réussi de son premier satellite, en 1970, la Chine a graduellement développé un programme spatial complet, avec tous les types de satellites connus, et elle a même lancé des humains dans l'espace en 2003. La prochaine étape de son programme sera d’établir sa propre station spatiale, autour de la Terre.

La particularité du programme spatial chinois réside dans le fait qu’il est totalement contrôlé par l’Armée populaire de libération, donc à l’abri, disent les experts, des aléas des politiques gouvernementales, telles qu’elles peuvent se vivre dans les démocraties occidentales.

Un alunissage « pas si étonnant »

Le robot d'exploration déployé par la sonde lunaire chinoiseSelon la Chine, sa mission d'exploration de la face cachée de la Lune est jusqu'à maintenant un « succès complet ». Photo : Associated Press

Se poser sur un astre sans atmosphère comme la Lune demeure un défi pour quelque puissance spatiale que ce soit. À plus forte raison sur sa face cachée, car il faut compter sur un satellite qui fasse le relais entre la Terre et la Lune, puisque les communications sont impossibles de l’autre côté de notre satellite naturel.

Mais pour Stefan Barensky, analyste du secteur spatial et rédacteur en chef du magazine numérique Aéro Spatium, qui suit le programme spatial chinois depuis plusieurs années, ce n'est pas vraiment étonnant, puisqu’ils s’y sont préparés.

« Les Chinois ont réussi une grande première spatiale sur la Lune, chose qu’on n’avait pas vue depuis très longtemps. Mais la sonde que la Chine a posée sur la face cachée est la doublure d’une sonde qu’elle avait posée sur la face visible, il y a cinq ans », explique-t-il.

Pour Stefan Barensky, la Chine veut devenir l’autre grande puissance mondiale, et son programme spatial n’a d’égal que ses efforts dans tous les domaines technologiques, économiques et autres. Et l'avantage particulier du programme spatial chinois, c’est d’être contrôlé par l’armée. « C’est peut-être plus facile de prendre des décisions quand tout le monde est d’accord », soutient ironiquement M. Barensky.

Un projet de programme spatial qui remonte aux débuts de la Chine populaire

Ce n’est pas d’hier que la République populaire de Chine, créée en 1949, a eu l’idée de développer un programme spatial. À peine sept ans après la fondation de cette nouvelle Chine, son leader, Mao Tsé-Toung, avait compris que pour faire de la Chine un pays moderne, il fallait la doter d’un programme spatial digne de ce nom.

C’est ce que rappelle Isabelle Sourbès-Verger, géographe de l'occupation de l'espace et des politiques spatiales, chercheuse au CNRS en France.

Aujourd’hui, la Chine est peut-être la troisième ou quatrième puissance spatiale, soit derrière les États-Unis et la Russie et peut-être devant ou derrière l’Europe. Les progrès relativement lents du développement du programme spatial chinois sont attribuables à plusieurs facteurs, dont l’arriération de l’économie chinoise et les nombreux soubresauts politiques qu’a connus l’Empire du Milieu jusque dans les années 1970, notamment avec la Révolution culturelle.

Mais pour de nombreux observateurs, dont Isabelle Sourbès-Verger, c’est vers le milieu des années 1980 que le programme spatial chinois commence à se développer de façon plus constante. Par contre, si politiquement la volonté de faire progresser la puissance spatiale chinoise ne s’est pas démentie depuis cette période, les budgets n’ont pas toujours été au rendez-vous.

Selon la géographe, on estime que la Chine consacre entre 7 et 8 milliards de dollars par année au domaine spatial, ce qui est bien peu par rapport à la seule NASA, qui compte sur un budget annuel de 18 milliards de dollars. Un décalage encore difficile à rattraper pour les Chinois, croit l'experte.

Reste à savoir si cet alunissage spectaculaire change la position de la Chine sur l’échiquier spatial. Ce n’est pas encore le cas, croient les experts. En fait, cet exploit pourra conférer à la Chine une certaine reconnaissance internationale, elle qui demeure exclue des grands projets spatiaux internationaux.

Encore beaucoup de progrès à faire

La sonde lunaire Chang'e 4 est lancée depuis le centre de lancement du satellite Xichang dans la province du Sichuan, au sud-ouest de la Chine, le samedi 8 décembre 2018. Chang'e 4 étudiera cette partie encore inexplorée de la Lune et y mènera des expériences scientifiques. Photo : The Associated Press / Jiang Hongjing

La Chine compte quatre bases de lancement pour ses fusées. Plusieurs d'entre elles ont des normes qui sont en deçà des règles internationales, étant notamment situées près de zones habitées. La base de Xichang, d’où est partie la sonde Chang'e 4, se trouve d’ailleurs dans une zone très peuplée, avec les dangers que cela peut comporter. Mais ça aussi c'est appelé à changer, notamment avec la base de Hainan, située sur l’île du même nom.

Pour ce qui est des lanceurs de l'agence spatiale chinoise, les fusées Longue Marche de différentes générations, on peut y voir une ressemblance avec les premières fusées Ariane, entre autres l’Ariane 4. On utilise encore des ergols, carburants abandonnés par l’Europe et les États-Unis, mais ça aussi c’est en train de changer, dit Stefan Barensky.

« Depuis une quinzaine d’années, la Chine a développé des technologies plus propres, notamment avec des moteurs qui fonctionnent au kérosène et à l’oxygène liquide », souligne-t-il.

Pour ce qui est d’envoyer des humains sur la Lune, on n’y est pas encore, croient les spécialistes, puisque pour la Chine, la priorité spatiale demeure la création de sa propre station spatiale autour de la Terre d’ici quelques années. Mais pour Stefan Barensky, peu importe quand ça se fera, les Chinois enverront un jour des humains sur la Lune.

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