« Ultima Thulé ». Île la plus septentrionale du monde connu, groupe de rock punk suédois, explorateur grec de Marseille du IVe s. av. J.-C., ou royaume de Thulé, lieu légendaire des Inuits du Groenland popularisé par l’ethnologue Jean Malaurie…
Ce pourrait être tout cela. Mais ici, c’est le nom commun donné par les astronomes de la Nasa à l’astéroïde transneptunien, immatriculé 2014 MU69, que leur sonde New Horizons a atteint cette nuit. La sonde de la Nasa devait le photographier la nuit du réveillon lors d’un survol à haut risque, ainsi que le 1er janvier 2019.
Une merveilleuse entrée dans une nouvelle année astronomique
L’agence spatiale américaine marque l’entrée dans la nouvelle année par un programme en direct sur son site Internet, à l’heure où la sonde New Horizons doit passer en trombe au-dessus de cette relique glacée des débuts du système solaire.
Un film d’animation simulant le survol, prévu à 00 h 33 à Washington (05 h 33 GMT) mardi, est accompagné d’un morceau de musique composé pour l’occasion par le guitariste de Queen, Brian May, également titulaire d’un doctorat en astrophysique. Impossible, malheureusement, d’avoir des images en direct de la sonde. À cette distance, il faut plus de six heures pour qu’un signal envoyé de la Terre atteigne New Horizons, et autant pour qu’il revienne.
Mais si tout se passe bien, les premières images d’Ultima Thulé devraient arriver sur Terre en début de soirée ce 1er janvier. À l’approche de cette échéance, l’excitation montait dans l’équipe chargée de cette mission. « On y est ! Le survol arrive ! @NewHorizons2015 est en pleine forme et en chemin ! La plus lointaine expédition de l’Histoire ! », a tweeté samedi 29 décembre le scientifique Alan Stern, de l’Applied Physics Laboratory (APL) de l’université Johns Hopkins à Baltimore (Maryland), responsable de ce laboratoire qui a remporté en 2002 l’appel à projets lancé par la Nasa pour explorer Pluton et la Ceinture de Kuiper.
Le guitariste de Queen compose pour une sonde spatiale
Attention à la vitesse
Ultima Thulé se trouve dans la ceinture de Kuiper, un vaste disque cosmique, reliquat de l’époque de la formation des planètes, que les astronomes appellent parfois le « grenier du système solaire ».
Les scientifiques ne savent pas si ce corps céleste, découvert en 2014 par le télescope spatial Hubble, est rond ou allongé. Ni même s’il s’agit d’un unique objet ou d’un agrégat de matière. Ils ne sont plus sûrs de sa taille, l’estimant environ 100 fois plus petit que la planète naine Pluton.
Pour en avoir le cœur net, ils ont décidé d’envoyer New Horizons l’étudier, après que la sonde eut accompli en 2015 – neuf ans après son lancement – sa principale mission : envoyer des images extrêmement détaillées de Pluton. Cette fois, « on va essayer d’avoir des images d’Ultima avec une résolution trois fois supérieure à celle utilisée pour Pluton, explique M. Stern. Si on y arrive, ce sera spectaculaire. »
Mais la mission est dangereuse. New Horizons parcourt l’univers à 51 500 kilomètres par heure. Soit environ deux fois la vitesse de retour de la navette spatiale dans l’atmosphère terrestre. À cette allure, si elle heurtait un débris aussi petit qu’un grain de riz, elle pourrait être détruite instantanément. La sonde est censée s’approcher à 3 500 km de la surface d’Ultima et le survoler à une vitesse de 14 km par seconde.
New Horizons à l’assaut de Pluton
Île lointaine
Ultima Thulé a été nommé ainsi d’après une île lointaine de la littérature médiévale. « Cela signifie « au-delà de Thulé » – au-delà des limites connues de notre monde, pour symboliser l’exploration au-delà de la ceinture de Kuiper », explique l’agence spatiale. Découverte seulement dans les années 1990, cette ceinture se trouve à 4,8 milliards de kilomètres du Soleil, au-delà de l’orbite de Neptune, la planète qui en est la plus éloignée.
« C’est la frontière de l’astronomie », souligne l’astronome Hal Weaver, de l’université Johns Hopkins. « Nous avons finalement atteint les limites du système solaire », s’enthousiasme-t-il. « Ces choses sont là depuis le début et on pense qu’elles n’ont pas changé. On va vérifier. »
Malgré la paralysie partielle des administrations fédérales, à cause d’un bras de fer (« shutdown ») entre le président Donald Trump et l’opposition démocrate sur le financement d’un mur à la frontière avec le Mexique, la Nasa – qui dépend des budgets fédéraux – a promis que son site serait alimenté.
Son administrateur Jim Bridenstine a également promis des nouvelles d’une autre sonde, Osiris-Rex, qui devait se mettre en orbite autour de l’astéroïde Bennu la nuit de la Saint-Sylvestre.
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