En réussissant jeudi un alunissage inédit sur la face cachée de notre satellite, Pékin réaffirme ses ambitions dans le domaine spatial, défiant les États-Unis et la Russie.
« La Chine a effectué un alunissage historique sur la face cachée de la Lune ! » C’est par un communiqué sobre que l’agence de presse chinoise Chine nouvelle a annoncé jeudi matin la réussite de la première opération de la sorte menée par Pékin. La formule ne restera pas autant dans les mémoires que le fameux « Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité » de Neil Armstrong. Mais près de cinquante ans après le premier pas sur la Lune, la Chine est la première puissance spatiale à explorer la face cachée du satellite naturel de la Terre.
Le Global Times, quotidien nationaliste chinois, parle pour sa part d’une « étape importante dans la conquête spatiale », avant de relayer les tweets de félicitations d’Elon Musk, dirigeant de SpaceX, et de Jim Bridenstine. Le patron de la NASA a salué l’opération, la qualifiant de « réussite majeure ».
Sur la chaîne d’État CCTV, un des responsables de la mission, Wu Weiren, s’enthousiasmait en annonçant que la Chine est désormais « sur le point de devenir une nation forte » du domaine spatial. La Chine peut fanfaronner tant les chances réelles de cet alunissage étaient inconnues, comme en témoigne le peu d’informations qui avaient filtré avant l’opération annoncée comme délicate par les autorités chinoises
« Rêve chinois »
La sonde Chang’e-4, qui a déjà capturé des clichés de cette partie inexplorée de l’astre, a été envoyée dans une région particulièrement escarpée de la face cachée de la Lune, où les conditions pour une telle mission sont les plus difficiles.
Il a aussi fallu qu’elle lance en mai un satellite baptisé Queqiao (« le pont de pie » en français) en orbite pour relayer les informations entre le module et la Terre. Une condition sine qua non, car cette face de la Lune ne permet pas d’avoir de communication directe avec la Terre.
Désormais, le robot doit mener des études sur les ressources en minéraux et la culture de la tomate sur la Lune. Une autre opération, nommée Chang’e-5, devrait cette année récolter des parcelles de la Lune qui devront être ensuite étudiées sur Terre.
Au lendemain du premier satellite Spoutnik lancé par l’URSS en 1957, le fondateur de la République populaire de Chine, Mao Zedong, avait annoncé que la Chine aussi « lancera des satellites ». Depuis, Pékin a accroché le wagon de la course aux étoiles et, désormais, le président Xi Jinping n’hésite pas à parler de « rêve spatial », en adéquation avec son « rêve chinois », censé redorer le blason de la nation. Et l’espace est devenu un objectif de conquête pour redonner fierté au peuple chinois.
Doté d’un budget de 6 milliards de dollars américains par an alloué à son programme spatial contre 40 milliards pour son homologue américain, Pékin tente de rattraper son retard sur les États-Unis et la Russie.
Dix ans après avoir envoyé son premier taïkonaute dans l’espace, la Chine lance en 2013 son robot nommé Yutu (« lapin de jade ») sur la face visible de la Lune, la plus facile d’accès. Seuls Washington et Moscou avant elle avaient réussi à y expédier une sonde.
Expansion spatiale
Preuve de ses ambitions spatiales grandissantes, Pékin a propulsé 38 fusées dans l’espace en 2018. C’est plus que n’importe quel autre pays. La plupart d’entre elles ont été envoyées dans le cadre du projet Beidou, du nom du système de géolocalisation chinois censé concurrencer le GPS américain et le Galileo européen. Il devrait voir le jour d’ici l’an prochain.
L’expansion spatiale chinoise passe également par le secteur privé, qui tente de développer le tourisme spatial, un des enjeux des prochaines années.
En mai, la start-up OneSpace, sorte de SpaceX chinois, envoyait sa première fusée dans l’espace. Elle ambitionne d’effectuer des vols habités dès 2025, avec le soutien de l’État chinois. Dans son sillage, quelque 60 entreprises ont été créées depuis 2015 dans un marché spatial mondial qui pourrait peser près de 339 milliards de dollars américains dès l’année prochaine. La Chine, à elle seule, en représenterait le tiers.
Avec une exploration de la planète Mars en ligne de mire pour 2020, Pékin cherche également à établir une base lunaire à l’horizon 2030, avec pour objectif de la peupler d’humains. Et devrait lancer sa station spatiale, intitulée « Palais céleste », en 2022. Soit deux ans avant la retraite programmée de la Station spatiale internationale, qui réunit onze pays européens, les États-Unis, la Russie et le Japon, mais qui a longtemps laissé la Chine en marge de la conquête spatiale. Tiangong-3, l’autre nom de la station chinoise, sera alors seule dans l’espace.
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