Sept ans de travail, sept mois de voyage dans l’espace et sept minutes d’angoisse : l’atterrisseur InSight de la NASA approchait lundi à toute vitesse de Mars, où il devrait être le premier engin à se poser depuis six ans à l’issue d’une dangereuse descente.
Deux heures avant le début de cette phase critique, InSight se trouvait encore à plus de 25 000 km de la planète rouge et les ingénieurs de la NASA qui suivent l’opération depuis le centre de contrôle de la mission, situé au Jet Propulsion Laboratory (JPL) à Pasadena, en Californie, ne pouvaient rien faire d’autre que croiser les doigts.
De l’entrée dans l’atmosphère martienne et ses tempêtes de poussière jusqu’au contact avec le sol, tout a en effet été préprogrammé. Et le délai pour injecter les derniers ajustements dans le système est désormais révolu.
Les opérations à Pasadena peuvent être suivies en direct sur le site et la chaîne de la NASA à partir de 14 h — avec l’atterrissage prévu vers 15 h —, mais aucune caméra embarquée ne retransmettra d’images de la descente en direct.
« Avec Mars, rien n’est jamais acquis. Mars est difficile », résumait encore dimanche Thomas Zurbuchen, chef du directorat scientifique de la NASA, l’agence spatiale américaine qui a approuvé cette mission de près d’un milliard de dollars devant étudier les entrailles de la planète rouge.
Le dernier appareil à avoir réussi à atterrir sur Mars est le véhicule Curiosity de la NASA, le seul encore actif sur cette planète voisine de notre Terre. Seuls les États-Unis ont réussi à y poser des robots. L’URSS a écrasé plusieurs atterrisseurs, tout comme les Européens, tout récemment en 2016.
Sept minutes d’angoisse
InSight doit entrer dans l’atmosphère de Mars à 14 h 47 (heure de Montréal), de manière très oblique pour éviter de se désintégrer.
Le seul frottement de l’atmosphère fera monter la température rapidement à 1500 °C, mais elle n’aura rien à craindre, bien à l’abri d’un bouclier thermique renforcé.
L’appareil se déplacera alors à environ 20 000 km/h, soit trois à quatre fois plus vite qu’une balle de fusil, et devra viser un rectangle de 10 km sur 24 km. Rapporté aux 480 millions de kilomètres de son périple, « c’est comme marquer un but à 130 000 km de distance », souligne la NASA.
Quatre minutes et une centaine de kilomètres plus bas, un parachute s’ouvrira automatiquement, freinant brutalement la descente. Puis, une fois largué le bouclier thermique, l’atterrisseur déploiera ses trois jambes et le parachute se détachera.
« Nous serons en chute libre pendant un bref instant, ce qui est une pensée absolument terrifiante pour moi », a confié Tom Hoffman, chef du projet InSight pour la NASA.
La sonde allumera bien vite ses 12 rétrofusées qui ralentiront à environ 8 km/h la descente de l’engin, qui ne pèsera alors plus que 365 kg.
À 14 h 54, près de sept minutes après son premier contact avec l’atmosphère, InSight devrait enfin « amarsir ».
Durant tout ce laps de temps, surnommé « les sept minutes de terreur » par certains, et qui durera en réalité six minutes et demie, rien ni personne ne pourra venir en aide à InSight pour corriger une trajectoire ou remédier à une défaillance.
« Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour nous assurer du succès de la mission, mais on ne sait jamais ce qui peut se passer », a expliqué Tom Hoffman, reconnaissant « ne pas avoir très bien dormi » récemment.
« L’atmosphère de Mars est traître, elle est très ténue, elle n’est pas homogène, c’est pour cela que c’est compliqué », a dit à l’AFP le président de l’agence spatiale française, Jean-Yves Le Gall.
Il a des raisons d’être angoissé : InSight a pour but principal de poser sur la surface martienne un instrument conçu par son agence : le sismomètre SEIS.
Mais lui comme les centaines d’ingénieurs et de scientifiques américains et européens qui travaillent depuis sept ans sur InSight devront attendre de longues minutes, probablement jusqu’à 15 h 01, le premier signal envoyé par l’atterrisseur. Ils pourront enfin être sûrs qu’il est intact et bien d’aplomb sur ses trois pieds.
La sonde au travail
Un programme de travail chargé attend la sonde.
Elle doit écouter l’intérieur de Mars pour tenter de comprendre l’épaisseur et la composition du sol, de la croûte jusqu’au noyau, dont on ignore s’il est liquide ou solide. Des connaissances qui permettront de mieux comprendre la formation de la planète, il y a des milliards d’années, et par conséquent de la Terre, seule planète rocheuse dont nous avons réellement étudié l’intérieur jusqu’à présent.
Le sismomètre de conception française écoutera les plus infimes vibrations du sol, provoquées principalement par les ondes de choc des météorites et les tremblements de terre. Ces ondes dessineront une carte intérieure de la planète.
Autre instrument remarquable, allemand celui-là : HP3 ressemble à une taupe reliée par une laisse à l’atterrisseur et creusera de 3 à 5 mètres de profondeur sous la surface de Mars pour prendre sa température.
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