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Renault Flins : la grève ne prend pas - Autoactu

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Dans un article paru lundi, le quotidien le Parisien titrait "A l’heure de la reprise, les salariés du secteur automobile très inquiets". Il s’agissait de faire le point sur l’ambiance dans les usines de Renault à Flins et de PSA à Poissy. Un titre pas bien original (qui pourrait s’appliquer à bien d’autres secteurs en cette période de crise sanitaire) et un article qui ne citait que des représentants de la CGT.
Nous avons voulu vérifier si comme l’affirme le journaliste : "A Flins, la fermeture de l’usine est dans tous les esprits". Les échos que nous avons eu sont un peu différents.

Certes, l’annonce par la direction de Renault de la fin de l’assemblage de véhicules en 2024 (Micra en 2023 et Zoé en 2024) sur le site de Flins a été un véritable choc pour les salariés (2.600 Renault et 1.500 intérimaires) qui dans l’émotion ont débrayé une journée mi-juin. 
Au retour des congés, l’émotion est un peu retombée et l’ambiance n’est pas mauvaise. "On s’attendait à pire", nous a dit Eric Contoux, le représentant FO sur le site. 
Florent Vandenborne, leader de la section syndicale CFE-CGC nous a rapporté un constat identique : "Depuis les annonces de mai la situation a évolué. On sait qu’il n’y aura pas de fermeture sur Flins. Fin juillet, les syndicats ont signé en central un accord de méthodes qui nous permet sur chaque site de surveiller l’avancée des projets."

Depuis l’annonce de mai, le site a également reçu la visite des plus hauts dirigeants du groupe avec le 1er juillet le patron des fabrications, Jose Vicente de los Mozos, accompagné de Patrice Haettel, directeur des fabrications France et Tristan Lormeau, DRH France. Le 9 juillet, le nouveau DG de Renault, Luca de Meo se rendait à Flins avec Jean-Dominique Senard.
"Messieurs de Meo, de los Mozos et Senard se sont déplacés à Flins pour nous dire, droit dans les yeux, qu’on a un avenir. Je pense qu’on peut leur faire confiance", nous a dit Eric Contoux.
Cette confiance, Florent Vandenborne l’exprime également. "M. de Meo est venu nous voir, nous l’avons senti investi de l’envie de faire quelque chose de Flins et d’aller plus loin que les 1.600 emplois prévus actuellement."

A l’inverse des oiseaux de mauvaise augure, Eric Contoux, 39 ans chez Renault en poste à Flins depuis 1982 estime même que le projet qu’on leur propose pourrait présenter de meilleures garanties que la poursuite de l’assemblage. "Nous aurions bien aimé que Renault partage la fabrication des voitures électriques sur deux sites. Mais si économiquement ce n’est pas bon et pas rentable cela mettrait les deux sites en danger. Il vaut mieux que nous ayons un projet qui soit rentable et dégage de l’argent pour que notre site soit viable et pérenne", analyse avec pragmatisme Eric Contoux. 

Ce message qu’il passe aux équipes, il en est certains qui le comprennent, ce sont les jeunes récemment arrivés. Ils représentent 38% des effectifs de Flins et ont été embauchés au cours des 4 dernières années. "Ce sont de jeunes pères de famille qui ont envie de travailler. Faire des voitures ou autre chose cela ne les gène pas. Je leur dis n’écouter pas ceux qui disent que Flins n’a pas d’avenir. La fabrication de voitures c’est la fin d’une ère, on va tourner cette page. A Flins, nous avons été pionnier sur beaucoup de produits, nous avons été pionniers sur la fabrication de véhicules électriques, nous serons pionniers sur l’économie circulaire. Nous avons toujours su faire face aux défis. C’est le message qu’on passe et c’est en train de prendre", nous a précisé Eric Contoux.

Pour certains salariés, cette perspective d’évolution pourrait même être plus intéressante qu’une vie professionnelle avec pour seule perspective un travail posté sur chaîne. "Beaucoup d’entre eux ont été intérimaires dans plusieurs entreprises, ils veulent bouger et sont très ouverts à la formation. C’est une grande chance pour Renault", souligne le représentant de FO.

La perspective de projets sur l’économie circulaire dans le contexte actuel ce pourrait donc être un meilleur gage d’avenir que la fabrication de voitures. 
Parmi les projets qui sont déjà actés, il y a la création d’une usine de reconditionnement de véhicules d’occasion pour une capacité de 18.000 véhicules par an qui démarrerait dès 2022. Il y a aussi le transfert de l’activité réalisée actuellement à Choisy-Le-Roi (rénovation moteur/échange standard) à partir de 2021. Le site conserverait une activité d’emboutissage et de centre de fabrication de pièces de rechange. Et de nombreux projets sont à l’étude.
"Logiquement d’ici fin septembre nous devrions avoir une estimation des effectifs prévus pour chaque projet et sa date de mise en place", nous a dit Florent Vandenborne.

Pour la direction de Renault l’enjeu est donc désormais de rendre crédible et concret ce repositionnement qui reposera sur une multitude de petits projets. Les premiers signes tangibles sont venus de l’installation d’un plateau projet sur une surface de 400 m2 pour accueillir les équipes qui vont travailler à son élaboration. "On voit que ça avance", souligne Eric Contoux.
La nomination d’un directeur de projet, Jean-Philippe Billaï, est un autre signe concret de cette ambition d’écosystème autour de l’économie circulaire. Précédemment directeur de l’usine de Sandouville, il prendra ces nouvelles fonctions le 1er septembre.

La prochaine étape ce sera un CSE (conseil social et économique) sur le site de Flins fin septembre et les comptes rendus écrits qui seront diffusés par les organisations syndicales. "Pour nous syndicalistes, il faut que nous ayons des choses concrètes pour rassurer les salariés", souligne Florent Vandenborne qui regrette que la direction ait pris la décision de cesser la fabrication sans consulter au préalable les organisations syndicales.
"Les salariés ont besoin d’informations, ils veulent qu’on leur présente les projets. C’est comme cela que l’on pourra les rassurer", dit Eric Contoux. 

Pour autant, la grève n’est pas une solution pour les deux représentants syndicaux que nous avons interrogés. "Il y en a qui veulent se mettre en grève mais pour notre site cela ne serait pas à notre avantage", estime Florent Vandenborne. Le groupe Renault a en effet un besoin stratégique de la fabrication des Zoé dont les volumes sont indispensables pour le respect des normes CO2 avec une production qui devrait atteindre 100.000 unités cette année.
"Il faut arrêter de démobiliser les gens. Nous sommes trois syndicats à y croire. Notre ligne n’est pas de nous opposer pour nous opposer. La CGT est de moins en moins suivie sur le site", nous a dit le représentant de FO. 

Dans un contexte social en France assez tendu, la direction de Renault peut donc s’appuyer sur des responsables syndicaux qui se sont engagés en lui faisant confiance. Une confiance qu’il ne faudrait pas décevoir.

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August 28, 2020 at 05:03AM
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