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Chez Renault, pertes et fracas - Libération

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L’Etat actionnaire (15 % du capital) va-t-il à nouveau devoir voler au secours de Renault, après lui avoir déjà accordé sa garantie pour une ligne de crédit de 5 milliards d’euros au mois de juin ? Même si à Bercy on se dit «beaucoup moins inquiet» pour le constructeur automobile, «dont le marché va repartir», que «pour Air France», durablement affectée par la crise sanitaire, la question risque de se reposer à plus ou moins long terme. Jeudi, Renault a en effet annoncé une perte record de 7,3 milliards d’euros pour le premier semestre : 2020 restera de toute évidence comme un véritable accident industriel et financier dans l’histoire du constructeur automobile. Un crash social aussi : anticipant la catastrophe, Renault a annoncé fin mai 15 000 suppressions de postes, dont 4 600 en France… Et ce n’est peut-être pas fini.

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«Rebond»

«La situation est sans précédent», a reconnu le nouveau directeur général de Renault, Luca de Meo, mais «elle n’est pas sans appel». Passé par Toyota, Fiat et le groupe Volkswagen, l’Italien, qui est en poste depuis le 1er juillet, a été chargé de redresser la trajectoire par le président de Renault, Jean-Dominique Senard. Même s’il promet déjà «le rebond» aux marchés financiers, De Meo est face à une situation critique dans l’immédiat. Comme les autres constructeurs, Renault a vu ses ventes réduites à néant pendant le confinement. Mais handicapée par une gamme vieillissante, la marque a plus souffert que les autres.

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Au premier semestre, ses immatriculations ont plongé de 34,9 % quand l’ensemble du marché reculait de 28,3 %. Résultat, son chiffre d’affaires a dévissé de 32,9 % sur les six premiers mois de l’année. Et ses marges ont été massacrées par les promotions destinées à déstocker les Clio, Captur et autres Scenic à la réouverture des concessions. Mais Renault a surtout été plombé par sa participation de 43 % dans Nissan. Les résultats catastrophiques de son allié japonais ont contribué à hauteur de 4,8 milliards aux pertes du constructeur français ! Une déroute financière qui contraste fortement avec la «perf» de PSA Peugeot-Citroën. Malgré la crise, le concurrent a dégagé un bénéfice net de 595 millions d’euros au premier semestre.

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Chute

C’est le patron déchu de l’alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn, qui doit se frotter les mains depuis son exil doré de Beyrouth, lui qui déclarait au Parisien dès le 19 juillet : «Je trouve les résultats de Nissan et de Renault lamentables.» A en croire celui qui s’est enfui du Japon, où il risquait des années de prison pour diverses malversations financières, les ennuis auraient commencé à la suite du «complot» ayant provoqué sa chute. En réalité, Renault était déjà bien malade sous son règne. Durant l’ère Ghosn, qui aura duré vingt ans, le constructeur français a tout misé sur la course à la taille, s’appuyant sur les voitures low-cost de Dacia et l’ouverture aux marchés mondiaux de Nissan. Tout à ses rêves de compétition avec les géants Toyota et Volkswagen, il aura négligé le design qui fait vendre de belles voitures, tout comme le marché clé des «SUV», qui a écrasé tous les autres segments.

Aujourd’hui, Renault tente le virage au frein à main pour repartir dans la bonne direction. «Nous allons transformer tout le système des volumes vers la valeur», a annoncé De Meo, promettant au passage un fort renouveau esthétique. L’Italien vient ainsi de recruter coup sur coup Alejandro Mesonero-Romanos, jusqu’alors directeur du design de Seat, et surtout Gilles Vidal, l’homme à qui l’on doit les félines Peugeot de ces dix dernières années. Il lui faudra aussi investir des milliards pour électrifier la gamme au-delà des petites Zoé et revoir l’alliance avec Nissan, qui tangue dangereusement. De Meo doit présenter son «plan de reconquête» en janvier. Il devra avant tout convaincre l’Etat, qui garde une main ferme sur le volant de Renault.

Jean-Christophe Féraud


July 31, 2020 at 01:16AM
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