En remplaçant la Renault 10 par une très classique voiture à quatre portes, la Régie Renault surprend. Certes la R10 n’était pas connue pour son originalité, mais les récentes Renault 16 et Renault 6 laissaient entrevoir davantage d’audace.
Surtout, Renault renonçait provisoirement au hayon qu’elle avait tout fait pour imposer. L’idée était de plaire aux classes moyennes, souvent conservatrices, comme le prouvait le succès de la Peugeot 204, lancée quatre ans plus tôt.
Une approche frileuse, d'autant que côté technique, circulez il n’y a rien à voir.
Une mécanique simple
En adoptant un essieu arrière rigide, la régie Renault annonçait la couleur. Même en traction, la R12 ne révolutionne pas les familiales.
D’autant que côté moteur, cette nouveauté se contente de reprendre un moteur quatre cylindres largement éprouvé et construit en fonte.
Ce moteur baptisé “Cléon Fonte” avait au moins l’avantage d’être robuste et facile à entretenir. Une caractéristique essentielle qui va vite se révéler être un véritable atout pour la suite de sa carrière.
Les pays du sud veulent une voiture facile à entretenir
L’apparent classicisme de la R12 était calculé. Pierre Dreyfus, alors patron de Renault, voit en cette voiture la possibilité de faire de Renault une marque plus facile à exporter.
Cela tombe bien car la disparition des barrières douanières dans l’Europe des six va ouvrir de nouvelles opportunités.
A condition de proposer des voitures adaptées aux goûts de nos voisins. Les pays du sud apprécient les berlines tricorps, simples à réparer, parfait pour la Renault 12.
Le succès est réel en espagne ou encore au Portugal, où rapidement on installe une chaîne de montage pour l’assembler.
Une carrière internationale
Pendant ce temps, les cadres de chez Renault font le tour de la planète pour proposer leur Renault 12, facile à fabriquer et à entretenir, qui ne craint pas les pistes défoncées et la poussière.
On la produit alors en Turquie, en Irlande, en Australie, au Canada, en Argentine, à Madagascar, au Maroc, en Côte d’Ivoire ou encore en Afrique du sud.
Jamais voiture française s’est aussi bien vendue à l’étranger. Elle va carrément devenir voiture nationale, dans un pays communiste !
Dacia, la cousine Roumaine
En Roumanie, l’industrie automobile est balbutiante. Renault va postuler pour fournir clés en mains une usine et un modèle moderne à produire, la R12.
Ces voitures sont renommées “Dacia” en référence à la Dacie, le nom antique de la Roumanie. La Dacia 1300, identique en tous points aux R12 à l’exception des logos et enjoliveurs, deviendra rapidement la voiture nationale de Roumanie.
Dacia s'émancipe doucement de Renault au fil du temps, mais la Dacia 1300 sera produite jusqu’en 2006, à plus de 2 278 000 exemplaires.
Ironie du sort, elle finira sa carrière sous l’ère Renault, le constructeur français ayant racheté Dacia en 1999. Mais la R12 fera encore plus fort !
Elle devient...une Ford
La volonté de conquérir les marchés étrangers va pousser Pierre Dreyfus à collaborer avec Willys Overland Brasil pour assembler sur places des Dauphine.
Mais quelques années plus tard, en 1967 l’usine est à vendre par son propriétaire et Renault se retrouve en concurrence avec Ford pour racheter l’usine.
Renault vend alors à Ford sa participation dans l’usine et les plans de la R12 qui devait être assemblée sur place.
Ford, trop heureux de récupérer un modèle à peu de frais replatre rapidement la R12, qui devient Ford Corcel, tout en conservant toute la mécanique française.
Une R12 électrique pour la NASA
La version la plus inattendue de la vénérable 12 sera certainement cette version américaine, convertie sur place en électrique !
Au début des années 70, le choc pétrolier est un véritable choc et on charge une agence américaine de l’énergie de tester le véhicule électrique.
La R12 est ainsi convertie à la fée électricité et affiche une autonomie de 93 km, en roulant à...40 km/h ! Autonomie qui fondait comme neige au soleil en cas d’accélérations.
Un best seller mondial
Avec une vitesse maximale de 88 km/h, inutile de vous dire qu’elle ne rencontrera pas le succès, malgré une commande de la Nasa qui la testera pendant plusieurs mois.
Tout le contraire de ses soeurs thermiques qui seront produites à plus de 4 millions d’exemplaires, auxquels il faut ajouter les 2 millions de Dacia 1300 et 700 000 Oyak turques.
Pas mal pour une voiture jugée trop classique à sa sortie !
Fiche technique Renault 12 Gordini (1971-1974)
Type du moteur : 4 cylindres en ligne
Energie : Essence
Disposition : Longitudinal avant
Alimentation : 2 carburateurs double corps Weber
Distribution : Arbre à cames latéral
Cylindrée : 1565 cc
Puissance : 125 chevaux à 6250 tr/min
Couple 15.0 mkg à 4500 tr/min
Boite de vitesse : 5 rapports
Puissance fiscale : 9 chevaux
Type Traction
Longueur : 434 cm
Largeur : 163 cm
Hauteur : 143 cm
Poids 910 kg
Vitesse max 185 km/h
Côte 2020 : De 2000€ pour une Renault 12 L ou TL, à plus de 20 000€ pour une Renault 12 Gordini.
August 30, 2020 at 11:08AM
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Automobile/Nostalgie. Avec la R12, Renault va conquérir le monde - Bien Public
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