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Reconnaissance faciale : les géants du numérique mettent la pression à Clearview AI - Siècle Digital

Clearview AI est une entreprise qui propose notamment à la police américaine un logiciel en mesure de comparer un portrait avec trois milliards de photos trouvées sur les réseaux sociaux… Et comme l’indique CBSnews, cela n’est pas vraiment du goût des géants du numérique. Depuis plusieurs semaines maintenant, la société fait parler d’elle car elle permettrait de surveiller les américains.

Des lettres de cessation et d’abstention envoyées à Clearview

En janvier, le New York Times publiait une enquête et révélait qu’un certain nombre d’administrations américaines avaient recours à l’outil développé par Clearview, un logiciel qui permet d’identifier des personnes depuis des photos trouvées sur internet, et notamment sur les réseaux sociaux.

Alors que le logiciel Clearview AI serait utilisé par au moins 600 services administratifs américains, l’histoire relayée par le média new yorkais n’aurait pas plu aux géants du numérique. Twitter a été le premier réseau social à réagir et à demander à l’entreprise de cesser et, à l’avenir, de s’abstenir quant à l’utilisation et l’ajout de son contenu à sa base de connaissances. Facebook et Google n’ont pas tardé à suivre le mouvement, en envoyant à l’entreprise des lettres de cessation et d’abstention.

YouTube, qui appartient à Google, fait également parti du clan. Un porte-parole de la plateforme de vidéos a déclaré à ce sujet que “Les conditions d’utilisation de YouTube interdisent explicitement la collecte de données pouvant être utilisées pour identifier une personne. Clearview a publiquement admis avoir fait exactement cela, et en réponse, nous leur avons envoyé une lettre de cessation et d’abstention”.

Hoan Ton-That, le fondateur de Clearview AI, s’est défendu sur CBS, affirmant que “Google est en mesure d’extraire des données de tous les sites web. Donc si c’est public, si c’est disponible, ça peut être dans le moteur de recherche de Google et ça peut être dans le notre aussi”. Face à ces déclarations, la filiale d’Alphabet s’est empressée de répondre “La plupart des sites Web souhaitent apparaître dans notre moteur de recherche, et nous donnons aux webmasters le contrôle sur les informations de leurs sites qu’ils veulent voir indexées dans nos résultats, ils ont aussi la possibilité que rien ne soit indexé. Clearview AI a secrètement collecté des images d’individus sans leur consentement”.

Depuis, Venmo et LinkedIn ont eux aussi émis des lettres, se joignant ainsi au mouvement de contestation face à Clearview.

Certaines autorités américaines réagissent également

Le procureur général du New Jersey, Gurbir Grewal, a récemment donné l’ordre aux services de police de son État de stopper, au moins temporairement, l’utilisation de la technologie. Il a déclaré qu’il n’était pas complètement opposé à cette technologie, mais qu’il avait besoin d’en savoir plus. Grewal a mis en avant que “Si cette technologie de reconnaissance faciale est utilisée correctement, elle peut nous aider à résoudre les affaires criminelles plus rapidement”. Cela, avant d’ajouter “Ce à quoi je m’oppose, c’est à la collecte à grande échelle d’informations biométriques et leur utilisation sans garanties appropriées par les forces de l’ordre”.

Si nous savons actuellement que 600 organismes américains utilisent le logiciel, nous ne savons pas depuis quand il est utilisé ni quelles sont les conditions d’accès. Cependant, il semble que cela soit encadré, en tout cas en ce qui concerne le service de police de Chicago. Celui-ci aurait conclu un contrat de deux ans avec Clearview, pour un montant de 50 000 $. Il semblerait que le service n’ait autorisé l’accès au logiciel qu’à 30 personnes, uniquement dans le cadre d’enquêtes. Il est également précisé que la technologie n’est pas utilisée pour effectuer une surveillance en direct.

Néanmoins, les pratiques de Clearview soulèvent de nombreux enjeux car actuellement, aucune loi fédérale ne réglemente la reconnaissance faciale aux États-Unis, même si des villes comme San Francisco ont d’ores et déjà interdit, au moins partiellement, l’usage de la technologie. Nul doute que le gouvernement américain devrait maintenant se charger de ce dossier.

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