C’est dans un local du Centre de calculs du CERN, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire, près de Genève, que le Web est né. Dans les faits, Tim Berners-Lee voulait permettre aux scientifiques du monde d’échanger leurs recherches à distance.
Quelques années plus tard et à des milliers de kilomètres de là, le Web fait son apparition graduellement dans le paysage de Québec. D’ailleurs, bien humblement, Le Soleil fut un des précurseurs en la matière en se munissant d’un site Web dès 1996. C’est également le premier média québécois à le faire.
Aux premières loges de cette révolution, Stéphane-Billy Gousse qui a participé au lancement de la plateforme du Soleil. À l’époque, ce dernier est consultant externe impliqué dans le Club Macintosh de Québec.
Le Club Macintosh fut justement un des premiers à utiliser sur une base régulière et technique le Web. «Tout était à faire», dit-il le sourire en coin.
M. Gousse a également pris part à la mise en place de nombreux sites ministériels et à la formation des équipes de communication pour l’utilisation de cet outil.
«Les ministères, quand ils se sont fait offrir chacun leur site Web, c’était drôle en mautadit, parce que du jour au lendemain, les départements de communication se sont retrouvés avec des outils qu’ils ne connaissaient pas, qu’ils ne savaient pas utiliser», rigole-t-il. Il attribue une partie de l’étincelle à l’arrivée du gouvernement en ligne. Ça «a été un message assez clair que c’était un endroit où il fallait être et qui devenait un outil sérieux», ajoutant que le Québec était loin d’être en retard sur son temps.
Un cadre de vie
L’implication de Bernard Landry et de l’ancien maire de Québec Jean-Paul L’Allier est à souligner, selon Stéphane-Billy Gousse, notamment dans le développement du quartier Saint-Roch devenu une plaque tournante de l’industrie numérique. «[Landry] avait vraiment compris où ça s’en allait».
Le premier ministre avait mis en place des crédits d’impôts pour les entreprises qui acceptaient de s’installer dans le quartier. Avec ces mesures, «il a créé un milieu de vie. Il y a des gens qui se sont mis à s’installer là, à travailler, à investir», estimait l’ancienne députée de Taschereau Agnès Maltais, peu après le décès de M. Landry.
L’explosion du Web s’est faite graduellement et à l’aide de petites initiatives qui ont permis de montrer tout le potentiel de cette plateforme. «Il y a une annonce qui dit que le futur arrive, mais tu ne t’en aperçois pas, et puis je pense que c’est un peu la même chose pour ce qui est d’Internet. Les gens ont commencé à avoir des adresses de courriel, ensuite ont commencé à vouloir avoir accès à leur boîte de courrier, donc ils se sont acheté des modems pour ensuite pouvoir utiliser leur navigateur», se souvient-il.
Du côté des entreprises, elles ont vu dans le Web une façon de plus de communiquer avec leur clientèle, croit M. Gousse, bien que les consommateurs étaient peu nombreux à être connectés. L’utilisation reposait sur un doux mélange de communiquer et de faire de la promotion.
Il y a eu «beaucoup d’évangélisation à faire», se remémore-t-il, puisque les gens avaient tendance à construire un site Web seulement pour dire qu’ils étaient présents sur la Toile, mais sans nécessairement se soucier de l’entretien de la plateforme, ni même du lien bidirectionnel avec les visiteurs du site.
Le présent c’est le passé
Aujourd’hui, plus de 4,2 milliards de personnes dans le monde sont en ligne et consultent plus de 1,6 milliard de sites. On estime à environ 73 000 par seconde le nombre de recherches sur Google.
Avec les avancées technologiques dans le domaine de l’intelligence artificielle, Stéphane-Billy Gousse ne se fait pas d’illusions : le présent devient vite chose du passé. «C’est une évolution et quand tu es dedans, les innovations arrivent, tu les utilises, t’en profites, t’en fais profiter les autres. […] Donc c’est toutes des petites innovations qui font qu’aujourd’hui on est rendu avec ça qui va être risible dans 10 ans».
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LE WEB VU PAR...
Tim Berners-Lee
Le bon
Dans une lettre ouverte publiée sur le site de la World Wide Web Foundation, le fondateur de la Toile Tim Berners-Lee estime qu’elle est devenue «une place publique, une bibliothèque, un cabinet de médecin, un magasin, une école».
Il ajoute que chaque nouvelle fonctionnalité proposée creuse davantage le fossé qui existe entre ceux qui sont présents sur le Web et ceux qui n’y sont pas. «Il est donc d’autant plus impératif de rendre le Web accessible à tous», écrit-il.
«Le Web a créé des opportunités, donné une voix aux groupes marginalisés et simplifié notre vie quotidienne», poursuit-il dans sa lettre publiée en quatre langues.
Le mauvais
M. Berners-Lee déplore toutefois la mauvaise utilisation qui est faite de l’outil qui a été mis au monde il y a 30 ans, pointant ici du doigt les fraudeurs, «ceux qui propagent la haine et facilitent la perpétration de toutes sortes de crimes.»
Jugeant «défaitiste» le fait de croire que le Web ne pourra pas être amélioré dans les prochaines décennies, l’Anglais de 63 ans identifie trois sources de dysfonctionnement du système.
D’abord, les intentions délibérées et malveillantes «impossible[s] à éradiquer complètement», mais pouvant être limitées à l’aide d’un code et des lois. Il vise ensuite «une conception de système qui crée des incitations perverses dans lesquelles la valeur des utilisateurs est sacrifiée», dont la désinformation. Selon lui, cette classe «nous oblige à repenser les systèmes de manière à modifier les incitations». Finalement, la qualité du discours en ligne «nécessite des recherches pour comprendre les systèmes existants et modéliser de nouveaux systèmes possibles, ou modifier ceux dont nous disposons déjà».
L’homme souligne que les gouvernements doivent traduire les lois et les réglementations à l’ère numérique, que les entreprises s’assurent que la recherche du profit ne se fasse pas au détriment des droits de la personne et que les citoyens tiennent ces deux groupes responsables de leurs engagements.
«Le Web est à tous, et nous détenons collectivement le pouvoir de le changer. Ce ne sera pas facile. Mais en rêvant un peu et en travaillant beaucoup, nous pouvons créer le Web que nous voulons.» Sébastien St-Onge

Stéphane-Billy Gousse
Le bon
Stéphane-Billy Gousse, qui a vu la naissance et le développement du Web de près, voit de nombreux bons côtés à cette plate-forme qui a énormément évolué au cours de son histoire.
D’abord, il note le rapprochement des gens, l’élimination des frontières. Il donne en exemple le cas de sa fille de 13 ans. Celle-ci contribue à des forums qui traitent de la musique coréenne, la K-pop.
«Quand ma fille fait un article, en 24 heures, il y a 5000 personnes qui l’ont lu avec 200-300 commentaires. […] Elle a 13 ans, elle publie dans un forum où il y a 1,5 million d’abonnés et reçoit 5000 likes», dit-il sur un ton mélangeant étonnement et émerveillement.
Il nuance toutefois «ça rapproche le loin, mais des fois ça éloigne le proche», estimant qu’il peut arriver d’être moins en contact avec les gens plus près.
Les «belles opportunités et les belles avenues» que le Web propose font partie des autres bons côtés de l’outil Internet.
Le mauvais
Comme Tim Berners-Lee l’a évoqué dans sa lettre ouverte, Stéphane-Billy Gousse déplore que certaines personnes utilisent le Web pour les mauvaises raisons, notamment pour faire de la fraude et de l’hameçonnage. «Je ne peux pas croire que l’hameçonnage fonctionne encore», dit-il d’un air découragé.
Qui n’a pas déjà été interpellé par un pseudo prince d’un royaume étranger voulant déposer une somme d’argent pharaonique dans notre compte de banque. Ou qui n’a pas déjà reçu un courriel demandant de transmettre ses informations bancaires pour débloquer son compte qui est pourtant toujours accessible.
La vente de produits illicites, notamment sur le dark Web, est également un élément négatif soulevé par M. Gousse.
Il ajoute, à l’instar du fondateur du World Wide Web, que «le législatif est à la traîne par rapport à la technologie», alors qu’il reste beaucoup de flou concernant l’utilisation des données personnelles. Sébastien St-Onge

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