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7 sacs sous le microscope - TVA Nouvelles

Aussi grand et costaud soit-il, un athlète professionnel est envoyé au tapis en un rien de temps par une minuscule bactérie. Ce qui se cache dans un équipement de hockey peut parfois être vicieux et causer de graves problèmes de santé.  

• À lire aussi: Une simple égratignure peut causer des ennuis

Cette bonne vieille « poche » de hockey trop rarement désinfectée est un milieu habité par un vaste écosystème microscopique : bactéries, champignons, parasites et virus. Une plaie représente la porte d’entrée idéale du corps humain pour qu’un microbe opportuniste cause une réaction en chaîne. Parfois mineure, une infection peut aussi s’avérer mortelle.   

En ouvrant un sac d’équipement après un match, qui n’a jamais retenu son souffle en raison de l’odeur nauséabonde qui s’en dégage ?   

Chaleur, humidité, tissus mouillés et doublures protectrices gorgées de sueur, ce sac est un milieu parfait pour la prolifération des micro-organismes. Ça grouille de partout !   

Selon des scientifiques, un simple bout de textile d’un pouce carré peut contenir jusqu’à 10 milliards de bactéries. Habituellement non pathogènes, celles-ci peuvent devenir dangereuses si elles résistent et déjouent le système immunitaire.   

 Les tests  

 Pour déterminer ce qui « grouille » dans un sac de hockey, Le Journal a mené des tests bactériologiques en sélectionnant cinq pièces d’équipement de sept joueurs triés sur le volet. D’un enfant jouant pour le plaisir à un attaquant semi-professionnel en passant par le joueur de ligue de garage, chacun a expliqué ses habitudes de nettoyage. Parmi les pièces choisies, gants et protège-coudes ont obtenu les plus hautes unités formatrices de colonies bactériennes sur une surface restreinte.   

 Si les noms des bactéries recensées par un laboratoire indépendant mandaté par Le Journal peuvent effrayer, elles sont habituellement inoffensives. Néanmoins, des cas ont attiré notre attention. Dans l’un des témoignages, un joueur a relaté avoir chopé la gale, un parasite acarien très contagieux, en portant l’équipement usagé que lui avait prêté son association mineure. Il a infecté ses coéquipiers. Une problématique que peuvent rencontrer les acheteurs d’équipements usagés.   

 Flore diversifiée  

 De 100 à 200 espèces différentes «peuplent» la peau humaine. Parmi les bactéries plus dangereuses, le staphylocoque doré est à surveiller attentivement. Certaines souches résistantes aux antibiotiques ont causé de graves problèmes.   

 Dans la LNH, plusieurs joueurs ont été touchés par cette bactérie au fil du temps. Si Mikael Renberg a failli être amputé d’une main à l’époque, Joe Thornton a encore récemment combattu ce staphylocoque après une chirurgie au genou. Dans les vestiaires du circuit Bettman, cette réalité fait partie du quotidien.   

 Faute de budget et de sensibilisation continue, ce n’est toutefois pas le cas dans les ligues mineures et les ligues amicales « de garage » où la promiscuité des joueurs augmente les contaminations.   

 Dans son guide d’information sur la sécurité, Hockey Québec note une « augmentation marquée des infections graves », recommandant de nettoyer régulièrement l’équipement.   

 Cette réalité rappelle qu’il est important de prendre les précautions nécessaires, et cela vaut tant pour les pros que pour les enfants et les adultes qui jouent sur la patinoire.  

Ça grouille de bactéries  

 Sept joueurs ont ouvert leur poche de hockey au Journal à la recherche de bactéries. Issus de ligues compétitives et récréatives, ceux-ci utilisent diverses méthodes de nettoyage ou de séchage. En frottant avec un écouvillon humide, comme un coton-tige, Le Journal a testé les casques, protège-coudes, gants, coquilles et jambières. Ces pièces d’équipements sont des endroits propices à la multiplication des bactéries avec un contact direct sur la peau. Le laboratoire Eurofins EnvironeX, à Longueuil, a ensuite analysé les résultats en dénombrant les colonies bactériennes en plus de les identifier. Si quelques-uns de nos cobayes avaient lavé leur équipement, d’autres ne l’avaient pas fait. Plusieurs d’entre eux l’avaient enfilé dans les heures précédant nos échantillonnages, d’autres n’y avaient pas touché depuis une semaine. Voici les résultats.   

 ► Les journalistes Hugo Duchaine et François-David Rouleau ont fait l’écouvillonnage des pièces d’équipements des sept joueurs. Les échantillons sont restés dans une glacière moins de 24 heures avant d’être acheminés au laboratoire.  

 Méthodologie  

GEN - DOSSIER ÉQUIPEMENTS HOCKEY

Photo Martin Alarie

  

Un écouvillon est frotté sur la pièce d’équipement. Il est ensuite mis dans une éprouvette contenant un liquide pour conserver les bactéries.   

Le laboratoire Eurofins EnvironeX a pris le liquide et l’a versé sur un pétrifilm contenant un milieu de culture pour les bactéries. Le pétrifilm est resté 24 h dans une chambre chaude pour que les bactéries vivantes puissent se développer, pour procéder à leur décompte et les identifier.   

 UFC (unités formatrices de colonies), c’est le nombre de bactéries vivantes. Il y en avait 40 000 dans l’échantillon de 100 cm2 du protège-coude encerclé en rouge.  

GEN - DOSSIER ÉQUIPEMENTS DE HOCKEY

Photo Martin Alarie

 Patrick Lamoureux  

Dossier poche de hockey

Photo Chantal Poirier

  

 45 ans | Joue 2 fois par semaine  

  

 Dernière utilisation : 5 jours avant l’échantillonnage   

  

 Dernier lavage : fait sécher son équipement après chaque utilisation, mais le lave environ une fois par mois   

  

   

  •  Casque : 2600 UFC/100 cm2     

   

  •  Protège-coude : 620 UFC/100 cm2     

   

  •  Gants : 840 UFC/100 cm2     

   

  •  Coquille : 210 UFC/100 cm2     

   

  •  Jambière : 1800 UFC/100 cm2     

  

 « Mon casque et mes jambières sont plus difficiles à laver, les autres pièces, je les lave plus régulièrement », dit-il.  

 Simon Fortin  

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Photo Martin Alarie

  

 24 ans | Joue 1 fois par semaine  

  

 Dernière utilisation : 7 jours avant l’échantillonnage   

  

 Dernier lavage : fait sécher et vaporise son équipement   

  

   

  •  Casque : 400 UFC/100 cm2     

   

  •  Protège-coude : 150 UFC/100 cm2     

   

  •  Gants : 280 UFC/100 cm2     

   

  •  Coquille : 2400 UFC/100 cm2     

   

  •  Jambière : 10 UFC/100 cm2     

  

  

 « Je suis content [...] Ça confirme que je fais un entretien adéquat de mon équipement », résume-t-il.  

  

  

 Tori Livernoche  

GEN - DOSSIER ÉQUIPEMENTS HOCKEY

Photo Martin Alarie

  

 24 ans | Joue 2 fois par semaine  

  

 Dernière utilisation : plus de 7 jours avant l’échantillonnage   

  

 Dernier lavage : jamais, elle laisse son équipement dans son sac   

  

   

  •  Casque : 220 UFC/100 cm2     

   

  •  Protège-coude : - de 10 UFC/100 cm2     

   

  •  Gants : 10 UFC/100 cm2     

   

  •  Coquille : 100 UFC/100 cm2     

   

  •  Jambière : 50 UFC/100 cm2     

  

  

 « Un équipement usagé que je ne sors jamais du sac, c’est bizarre », plaisante-t-elle.  

  

  

 Victor Jacques  

GEN - DOSSIER ÉQUIPEMENTS HOCKEY

Photo Martin Alarie

  

 14 ans | Joue 3 à 4 fois par semaine  

  

 Dernière utilisation : la veille de l’échantillonnage   

  

 Dernier lavage : fait sécher et vaporise son équipement   

   

  •  Casque : 10 000 UFC/100 cm2     

   

  •  Protège-coude : 600 UFC/100 cm2     

   

  •  Gants : 16 000 UFC/100 cm2     

   

  •  Coquille : 8000 UFC/100 cm2     

   

  •  Jambière : 460 UFC/100 cm2     

  

 « Les jambières et les protège-coudes sèchent plus rapidement [...] les gants restent humides quand les pratiques sont une après l’autre », souligne-t-il.  

  

 Francis Desrosiers  

GEN - DOSSIER ÉQUIPEMENTS DE HOCKEY

Photo Martin Alarie

  

 29 ans | Joue 4 fois par semaine dans la Ligue nord-américaine de hockey (LNAH)  

  

 Dernière utilisation : 2 jours avant l’échantillonnage   

  

 Dernier lavage : fait sécher son équipement après chaque utilisation, mais lavé à l’été 2018   

  

   

  •  Casque : - de 10 UFC/100 cm2     

   

  •  Protège-coude : - de 10 UFC/100 cm2     

   

  •  Gants : 5200 UFC/100 cm2     

   

  •  Coquille : 4600 UFC/100 cm2     

   

  •  Jambière : 9200 UFC/100 cm2     

  

 « Je ne pensais pas aux infections jusqu’à ces tests. Je vais laver mon stock plus souvent. J’ai déjà changé les sangles de ma coquille ! »  

  

 Jean-Simon Bourque  

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Photo Martin Alarie

  

 34 ans | Joue au moins 3 fois par semaine  

  

 Dernière utilisation : le jour de l’échantillonnage   

  

 Dernier lavage : jamais, hormis la culotte de sa coquille   

  

   

  •  Casque : 5200 UFC/100 cm2     

   

  •  Protège-coude : 40 000 UFC/100 cm2     

   

  •  Gants : 1200 UFC/100 cm2     

   

  •  Coquille : 110 UFC/100 cm2     

   

  •  Jambière : 880 UFC/100 cm2     

  

 « Ces tests montrent que j’ai un bon système immunitaire ! Je n’ai jamais été infecté. Mon stock pue, mais il ne sera pas désinfecté. »  

  

  

 Louis-Félix et Justin Laliberté  

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Photo Martin Alarie

  

 5 et 4 ans | Jouent 1 à 2 fois par semaine  

  

 Dernière utilisation : la veille de l’échantillonnage   

  

 Dernier lavage : font sécher l’équipement après chaque utilisation, mais ne lavent que le support athlétique   

  

   

  •  Casque : Non disponible     

   

  •  Protège-coude : 10 UFC/100 cm2     

   

  •  Gants : 40 000 UFC/100 cm2     

   

  •  Coquille : 230 UFC/100 cm2     

   

  •  Jambière : - de 10 UFC/100 cm2     

  

 « Les enfants tombent souvent sur la glace. Les gants sont couverts de neige qui pourrait aussi être remplie de bactéries », croit leur père, Francis.  

  

 Quelques-unes des bactéries identifiées   

  

  

 Staphylococcus saprophyticus  

Photo Adobe Stock

  

 Bactérie de la flore humaine présente dans le tube digestif et les organes génitaux. Elle peut être résistante à des antibiotiques à large spectre.   

   

  •  Effets : infection urinaire, surtout chez les femmes     

  

 Staphylococcus epidermidis (Staphylocoque blanc)  

Staphylococcus epidermidis 3d illustration

Photo Adobe Stock

  

 Bactérie typique de la flore de la peau. Elle se retrouve aussi sur les muqueuses, dans les aliments et l’air. Habituellement non pathogène. Lorsqu’elle est pathogène, elle cause d’importantes infections. Peut résister à la pénicilline et à la méthicilline.   

   

  •  Effets : infections cutanées, infections nasales (sinusites), infections urinaires, endocardite.     

  

 Staphylococcus caprae  

Photo Adobe Stock

  

 Bactérie généralement inoffensive pour l’homme qui appartient à la flore cutanée des caprins (chèvres) et parfois à celle de l’homme.   

   

  •  Effets : méningites, otites, endocardite.     

  

 Enterococcus faecium  

3d rendered medically accurate illustration of an enterococcus bacteria

Photo Adobe Stock

  

 Bactérie de la flore du tube digestif et des voies génitales féminines. Elle peut entraîner des infections des voies urinaires, des plaies et des tissus mous. Pathogène opportuniste, elle est très résistante aux antibiotiques.   

   

  •  Effets : inflammations chroniques de l’intestin, infection de la vessie, de la prostate et du système reproducteur masculin.     

  

 Burkholderia pseudomallei (Bacille tellurique)  

Photo Adobe Stock

  

 Bactérie environnementale présente dans le sol et à la surface de l’eau. Surtout présente en Asie et dans les régions tropicales. Son taux de mutation est rapide et important.   

   

  •  Effets : responsable de la mélioïdose, une maladie infectieuse bactérienne très rare, grave et présentant un haut taux de mortalité.     

  

  

 * Ces 5 bactéries (et plusieurs autres) ont été décelées dans les échantillons prélevés.  

  

 Nous n’indiquons pas de quel individu provient chacune de ces bactéries.  

  

 Bactéries non identifiées dans nos résultats, mais ayant causé des problèmes dans la LNH et la NFL   

  

 Staphylocoque doré  

Staphylococcus aureus ou staphylocoque doré

Photo Adobe Stock

  

 Bactérie qui se trouve sur la peau ou dans le nez. Espèce la plus pathogène de sa famille à contamination directe et indirecte, elle est aussi invasive. Responsable d’intoxications alimentaires, d’infections localisées suppuratives. Celle qui est résistante à la méthicilline est appelée SARM. Sans traitement, le SARM entraîne de très graves conséquences menant jusqu’à la mort. De 30 % à 50 % de la population en est porteuse.   

   

  •  Effets : infections cutanées suppuratives, otites, sinusites, infections urinaires et respiratoires, septicémie.     

  

 SARM USA300  

  

 Clone du SARM qui est apparu dans les années 1990 et qui a connu un essor­­­ rapide au milieu des années 2000 aux États-Unis. En déclin, il reste un problème de santé publique. Il cause des infections majeures de la peau et des tissus mous.   

   

  •  En décembre 2003, Ricky Lannetti, un joueur de football américain évoluant dans la NCAA, en est décédé à 21 ans. Ayant attendu quelques heures de trop avant de se rendre à l’hôpital, l’infection avait attaqué ses organes vitaux. Il en est mort en moins de 24 heures.    

  

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