Une vieille idée remise au goût du jour ! Dans les années 70, James Head proposait que les étranges sillons observés sur Phobos, une des deux lunes orbitant autour de la planète Mars, se sont formés par l'action de gros blocs de pierre roulant sur de longues distances à la surface du satellite. A l'époque, les rainures venaient d'être révélées par les missions Mariner et Viking de la NASA et les scientifiques avaient du mal à expliquer la présence de ce trait caractéristique de Phobos. Certains y voyaient des signes de la future dislocation de l'astre, d'autres des débris projetés depuis Mars qui n'est qu'à 6.000 km de distance et enfin, les derniers liaient leur existence à celle du cratère Stickney, une immense dépression de neuf kilomètres de diamètre sur cette petite lune qui elle ne dépasse pas 27 km dans sa plus grande largeur (formée lors de l'impact d'un astéroïde ou d'une comète d'au moins 250 mètres de diamètre).
Une zone de Phobos ne présente aucune rainure
James Head lui n'a pas renoncé à son idée initiale et il récemment mené une modélisation informatique en utilisant simplement un ordinateur et en rentrant les données relatives à Phobos et à l'impact à l'origine du cratère Stickney. Ce qu'il ne considérait que comme une expérience amusante a en fait donné des résultats surprenants dans le sens où les motifs obtenus par J. Head, sous la direction de Ken Ramsley à l'université Brown, collent presque parfaitement aux observations de Phobos.
Simulation montrant des blocs de pierre se déplacer à la surface de Phobos. Crédit : Ken Ramsley / Brown University.
Pour les deux hommes, qui publient leurs résultats dans la revue Planetary and Space Science, il ne fait plus de doute que l'hypothèse "des pierres qui roulent" doit revenir sur le devant de la scène. Selon eux, lors de l'impact qui a formé le cratère Stickney, des éjectats de gros blocs rocheux ont été projetés et en raison de la faible gravité de Phobos et de sa petite taille, les pierres ont roulé sans s'arrêter sur plusieurs kilomètres, rebondissant parfois. Et certaines ont même pu faire le tour de l'astre pour revenir au point de départ ce qui expliquerait que certains sillons se superposent et qu'il existe des traces à l'intérieur même du cratère.
Les simulations montrent comment les rochers font un saut expliquant pourquoi une zone est dépourvue de rainures. Crédit : Ken Ramsley / Brown University.
Enfin, en poussant leur modèle encore plus loin, ils expliquent aussi pourquoi une certaine zone de Phobos ne présente pas de rainures : les pierres ont tout simplement sauté, comme sur un tremplin, sur une aspérité pour éviter cette région de plus basse altitude. Pour les scientifiques, la presque totalité des sillons de Phobos peuvent s'expliquer par cette théorie des pierres qui roulent. Reste à savoir si leurs explications tiendront face aux tenants de la théorie de la dislocation pour qui les sillons sont les premiers symptômes de la désagrégation de cette lune. Car le devenir de Phobos est scellé : la lune devrait se briser d'ici 20 à 50 millions d'années. Les plus gros morceaux iront s'écraser sur Mars en formant de nouveaux cratères mais les plus petits et la poussière devraient rester en suspension, en orbite et rapidement se répartir tout autour de Mars pour former un anneau autour de la planète rouge.
https://www.sciencesetavenir.fr/espace/systeme-solaire/phobos-des-pierres-qui-roulent-a-l-origine-des-rainures_129585Bagikan Berita Ini
0 Response to "Sur Phobos, lune de Mars, des pierres qui roulent ont sculpté des sillons"
Post a Comment