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La Nasa et la Russie s'écharpent sur une fuite à bord de l'ISS, mais il faut lire entre les lignes

ESPACE - Si les relations entre la Russie et les Etats-Unis sont souvent compliquées, il y a un domaine où l'entente est presque toujours parfaite: l'espace. Mais depuis un peu plus d'un mois, les choses sont un peu compliquées, à 400 km au dessus de nos têtes. À tel point que la Nasa a envoyé un communiqué, ce mercredi 3 octobre, rempli d'un langage diplomatique qu'il faut lire entre les lignes pour comprendre.

Mais reprenons depuis le début. Fin août, une fuite dans la Station spatiale internationale (ISS) a été repérée. Plus exactement, dans un vaisseau Soyouz, amarré au segment russe de la Station spatiale internationale, seul moyen de transport pour ramener les astronautes sur Terre. Au départ, le petit trou, vite rebouché, a été attribué à une micrométéorite.

Mais quelques jours après, Roscosmos, l'agence spatiale russe, affirme que le trou a été causé par... une perceuse. La Russie lance alors une enquête en envisageant toutes les pistes: défaut de fabrication, voire acte prémédité sur Terre... ou dans l'espace.

Rumeurs, chaud et froid

De folles rumeurs ont alors commencé à sortir dans la presse russe. Citant des sources anonymes au sein de Roscosmos, plusieurs médias, dont le Kommersant, affirmaient qu'une enquête russe en cours soupçonne clairement un sabotage de la part des astronautes américains à bord de l'ISS.

L'idée: un Américain malade a saboté le vaisseau afin de le forcer à rentrer plus vite sur Terre (sans que la Nasa n'ait besoin de payer des places supplémentaires à bord des navettes Soyouz). Plusieurs responsables russes avaient ensuite démenti que les astronautes américains étaient suspectés d'avoir percé le trou.

Suite à ces rumeurs, les deux agences ont publié mi-septembre un communiqué commun affirmant que, face aux "spéculations circulant dans les médias", elles reportaient "toute conclusion préliminaire tant que l'enquête ne sera pas finalisée".

Sauf que le 1er octobre, le directeur de Roscosmos, Dmitri Rogozine, a affirmé que l'enquête vient d'écarter la piste d'un défaut de fabrication. "Il reste la version de l'acte délibéré. Où cela a-t-il été fait? Une seconde commission doit le déterminer", a déclaré Dmitri Rogozine, sans toutefois parler lui-même d'un complot américain, évidemment.

Communiqué diplomatique

Le 3 octobre, la Nasa a donc publié un communiqué, qu'Ars Technica a fait décrypter par un cadre de la Nasa.

"Évacuer le défaut de fabrication indique que c'est un problème isolé qui ne remet pas en cause la production future."

Le message, ici, est de montrer que la Nasa a confiance dans les vaisseaux Soyouz. C'est important, car c'est le seul moyen de transport permettant d'accéder à l'ISS aujourd'hui, en attendant que les vaisseaux de SpaceX et Boeing soient opérationnels (normalement l'année prochaine).

"Cette conclusion ne veut pas nécessairement dire que le trou a été créé intentionnellement ou avec une mauvaise intention. [...] Le programme de l'ISS va tenter de planifier une sortie extravéhiculaire en novembre pour obtenir plus d'informations."

Ici, la Nasa cherche à couper court aux rumeurs. En effet, selon la définition russe, une erreur sur Terre peut ne pas être un défaut de fabrication. Selon Ars Technica, l'agence américaine estime qu'un trou a été percé par accident, à un moment de la fabrication.

Sauf qu'au moment où celui-ci a été repéré, un technicien, plutôt que de donner l'alerter, a simplement mis de la colle sur le trou, ce qui a permis au vaisseau de passer les tests. Mais une fois dans le vide spatial, la colle est partie. Techniquement, ce ne serait donc pas un problème de fabrication, mais une erreur personnelle. De quoi éviter de remettre en cause les futurs Soyouz.

D'ailleurs, cette théorie est aussi celle citée anonymement au début de l'affaire par plusieurs médias russes, dont Ria Novosti. Citant des sources dans l'industrie spatiale russe, l'agence affirmait que le trou serait dû à une erreur d'un employé qui aurait ensuite tenté de réparer cela avec une "colle spéciale", plutôt que d'en parler à ses supérieurs.

La sortie extravéhiculaire pourrait permettre aux astronautes d'observer en détail le trou de l'extérieur, à la recherche d'indices corroborant cette hypothèse.

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