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Tiangong-1 : la station spatiale chinoise va-t-elle retomber près de chez nous ?

Mais où va donc tomber Tiangong-1, la station spatiale chinoise ? Et quand cela va-t-il se produire ? Après en avoir perdu le contrôle, la Chine assure que sa rentrée atmosphérique se fera sans risques. Est-ce vraiment certain ? Parmi les zones où les risques sont les plus élevés que des débris tombent, figure l'extrémité méridionale de la France et la Corse.

Actuellement, Tiangong-1 (le « Palais céleste 1 » en chinois) navigue en orbite de plus en plus basse, aujourd'hui à quelque 250 kilomètres au-dessus du sol. Chaque semaine, elle s'enfonce de six mètres dans la haute atmosphère, se rapprochant de plus en plus du point où elle entamera sa rentrée atmosphérique, se transformant en boule de feu. Des spécialistes ont calculé que cela devrait se produire au cours des prochaines semaines, autour du 3 avril (plus ou moins une semaine), vraisemblablement entre le 29 mars et le 9 avril, selon les prévisions du Bureau des débris spatiaux de l'ESA. Mais où ?

Cela reste très difficile à prédire mais nous savons déjà où elle ne tombera pas : au nord du 43e parallèle dans l'hémisphère boréal et au sud du 43e parallèle dans l'hémisphère austral. En résumé, les habitants (peu nombreux) de l'Antarctique et ceux à la pointe de l'Amérique du Sud peuvent dormir tranquilles. Idem pour tous ceux qui vivent en Russie, au Canada, en Islande, au Groenland et une grande partie de l'Europe du Nord, la France incluse. Quoique presque...

Tiangong-1 va-t-il tomber sur la tête des habitants des Pyrénées ou de la Corse ?

En effet, en-dessous de 43 degrés de latitude nord (un peu plus au sud de Marseille), donc sous une ligne imaginaire passant par Toulon, Perpignan et Lourdes, on entre dans la zone à risque. Et même dans la zone à haut risque puisque ce sont dans les marges de cette zone délimitée (voir la carte ci-dessous) que les risques sont les plus élevés.

Alors, le ciel va-t-il tomber sur la tête des habitants des Pyrénées ou de la Corse ? La probabilité existe. Autant que pour la Sardaigne, l'Espagne, l'Italie, la Grèce, la Turquie, les États-Unis, etc. Bref, tous les pays qui sont sur ce tracé. Le risque est moins élevé dans le reste de cette bande centrée sur l'équateur.

La station spatiale survole les régions les plus peuplées du monde, ce qui n'est pas sans interpeller. Mais elle passe aussi au-dessus de plusieurs océans, étendues bien plus vastes et non peuplées. Alors, faut-il s'inquiéter que des débris de cet engin de 8,5 tonnes s'écrasent sur une grande ville ? Encore une fois, le risque existe mais il reste faible. Il est de l'ordre d'un sur 10.000 de toucher quelqu'un. À cela s'ajoute le fait que le module orbital va se disloquer au cours de sa chute et ainsi s'éparpiller en petits morceaux moins menaçants.

Tiangong-1 ne sera ni le premier ni le plus gros débris spatial à s’écraser

Mesurant 10,4 x 3,4 mètres, Tiangong-1 est loin d'être aussi imposante que la Station spatiale internationale (ISS) ou même que feu la station Mir qui a été désorbitée en 2001. Enfin, la station chinoise ne sera pas le premier débris spatial à rentrer sur Terre de façon incontrôlée ni le plus massif... D'ailleurs, le 27 janvier dernier, le second étage d'un lanceur Zenit — aussi massif que Tiangong-1 ! — s'est écrasé au Pérou sans faire de victimes (et sans faire grand bruit dans les médias non plus), fort heureusement. On se souviendra aussi que l'ancienne station spatiale américaine Skylab (90 tonnes) fit une rentrée atmosphérique incontrôlée en 1979.

De son côté, la Chine qui, rappelons-le, avait perdu le contact avec Tiangong-1 en 2016, assure qu'elle a repris la situation en main. Mais tout le monde n'en est pas convaincu. Un plan a-t-il été prévu pour contrôler la chute du « Palais céleste » ? Le suspense pourrait en réalité durer jusqu'au dernier moment, peut-être jusqu'à quelques heures avant...

Ce qu'il faut retenir

  • La station spatiale chinoise Tiangong-1 devrait faire sa rentrée atmosphérique entre le 29 mars et le 9 avril.
  • Parmi les zones où le risque de chute de débris est le plus élevé figure le sud de la France, sous une ligne passant par Perpignan-Toulon.
  • La Chine assure avoir repris le contrôle de sa station spatiale.

Pour en savoir plus

La station spatiale chinoise Tiangong-1 serait sous contrôle

Article de Rémy Decourt, publié le 16 janvier 2018

Arrivé en fin de vie, le module orbital Tiangong-1 sera désorbité d'ici quelques mois. L'agence spatiale chinoise affirme en avoir le contrôle et garantit que cette rentrée se fera sans risque. Toutefois, si ce contrôle avait été perdu (comme le bruit en a couru), ou retrouvé récemment, il est peu probable que la communication officielle en aurait fait mention.

Finalement, le module orbital Tiangong-1 est bien sous-contrôle. C'est du moins ce qu'affirme Zhu Congpeng, un des responsables du programme Tiangong-2 de la CASTC (China Aerospace Science and Technology Corporation). Il a aussi précisé que les informations indiquant que l'Agence spatiale nationale chinoise (CNSA) avait perdu son contrôle « ont été extrêmement exagérées ». Cependant, jamais la CNSA ne les a confirmées ni démenties.

Aujourd'hui, les dernières informations rendues publiques indiquent que le module tourne autour de la Terre sur une orbite moyenne d'environ 286,5 kilomètres, inclinée à 42,85 degrés, avec un périgée à 272,6 km et un apogée à 300,4 km. Sa rentrée est prévue au premier semestre, peut-être en mars.

Un cimetière spatial au fond de l’océan Pacifique

Cette rentrée sera contrôlée, c'est-à-dire que la trajectoire du module sera maîtrisée, en particulier l'angle d'incidence au moment de la pénétration dans les hautes couches de l'atmosphère. Cette trajectoire est calculée de manière à amener le point impact dans une zone de l'océan Pacifique sud inhabitée et sans trafic maritime. Cette zone, aussi connue sous le nom de cimetière spatial, se situe à quelque 1.500 km au nord de l'Antarctique et 2.500 km à l'est des côtes de la Nouvelle-Zélande.

Cette trajectoire est aussi calculée pour minimiser la surface d'impact au sol sur laquelle tombent les débris non détruits lors de la rentrée dans l'atmosphère. Un peu moins de 10 % de la masse du Tiangong-1 pourrait tomber dans l'océan.

Cette rentrée sera suivie notamment par le Comité de coordination inter-agences sur les débris spatiaux (IADC). Ce sera l'occasion d'obtenir des données sur la façon dont se comportera la Station spatiale internationale lorsqu'elle sera désorbité, en totalité ou en partie. Les modèles mathématiques utilisés pour simuler autant que faire se peut la rentrée de ce complexe orbital pourront peut-être être améliorés.

La station spatiale chinoise Tiangong-1 va s'écraser sur Terre, mais où ?

Article de Jean-Luc Goudet, publié le 24/10/2017

Descendu autour de 300 km d'altitude, le module orbital Tiangong-1, d'une masse de huit tonnes, est livré à lui-même depuis l'automne 2016. Comme nous l'indiquions, les calculs prévoyaient alors une rentrée dans l'atmosphère dans les dernières semaines de 2017. Ils sont toujours valables... Peut-être le plongeon aura-t-il lieu début 2018. Quant à savoir où, ce ne sera possible qu'au tout dernier moment. Quelques explications ne sont pas superflues...

La descente incontrôlée de la station chinoise désaffectée Tiangong-1 se poursuit inexorablement depuis septembre 2016. Cet engin de plus de huit tonnes tourne autour de la Terre avec une orbite dont l'inclinaison par rapport à l'équateur est d'environ 45°. Aucun propulseur n'étant opérationnel à bord, ce gros module voit son altitude et sa vitesse diminuer du fait du frottement de l'air, rare mais présent. La Station spatiale internationale elle-même (à environ 400 km) doit être régulièrement rehaussée. C'est en cela que la descente est incontrôlée : c'est la très haute atmosphère qui décidera du moment du plongeon final.

De nombreux médias parlent de « chute libre » mais le terme est bien sûr inapproprié puisque toute orbite est, physiquement parlant, une chute libre. La Lune est en chute libre... Celle de Tiangong, en revanche, va finir prochainement. Aux dernières nouvelles, la petite station (un module, en fait) décrit une orbite elliptique dont le périgée (point le plus proche de la Terre) est passé sous les 300 km début octobre. L'apogée (le point le plus éloigné) est à 325 km.

Aucune prévision fiable n'est connue aujourd'hui, ni pour la date du plongeon final ni (encore moins) pour la localisation du point de chute. Depuis septembre 2016, les estimations indiquent les derniers mois de 2017, voire début 2018 (lire ci-dessous l'analyse complète). Comme nous l'indiquions à l'époque, la descente peut être suivie sur le site Satflare. Nous reproduisons ici les dernières courbes montrant l'évolution de la descente.

Le module orbital Tiangong-1, hors de contrôle, doit retomber sur Terre en 2017

Article de Rémy Decourt publié le 27 septembre 2016

Au-dessus de nos têtes, tourne le module chinois Tiangong-1. Cette structure de plus de 8 tonnes et mesurant plus de 10 mètres est hors de contrôle. Lorsqu'elle tombera sur Terre courant 2017, des morceaux d'une centaine de kilogrammes risquent de s'écraser au sol... ou plutôt dans l'océan.

Le lancement réussi du module orbital Tiangong-2, survenu le 8 septembre 2016, ne doit pas faire oublier que, depuis plusieurs mois, la Chine a perdu le contrôle de Tiangong-1. Il est aujourd'hui en orbite à 358 kilomètres et, chaque jour, il perd plusieurs mètres d'altitude. L'orbite terrestre contient des milliers de satellites et quelques étages de lanceurs hors de contrôle mais ces satellites en fin de vie n'ont pas une masse de plus de 8 tonnes et ne mesurent pas plus de 10 mètres comme c'est le cas de Tiangong-1 !

Lancé en septembre 2011, ce module inhabité est resté opérationnel durant deux ans au cours desquels trois missions Shenzhou, dont deux étaient habitées, sont venues s'amarrer. Il a surtout été utilisé pour expérimenter le rendez-vous automatique et la vie dans l'espace, quand les équipages des missions Shenzhou 9 et 10 ont séjourné à bord du module orbital. Cette mini-station de 8 tonnes devrait effectuer une rentrée destructive non contrôlée dans la seconde moitié de l'année 2017. Vous pouvez suivre chaque jour son évolution autour de la Terre en consultant le site Internet Satflare.

Le risque de dégâts ou d'assommer quelqu'un est réduit mais il existe tout de même. En effet, si la plupart des parties du module devraient se désintégrer et partir en fumée lors de la rentrée atmosphérique, quelque 10 % de sa structure, dont ses moteurs et des morceaux de 100 kilogrammes, pourraient retomber au sol. Par ailleurs, il ne sera possible de prédire exactement où tomberont ces débris que quelques heures avant la rentrée atmosphérique de Tiangong-1.

Un délai forcément court si le module devait faire sa rentrée au-dessus d'une zone à forte densité de population mais, compte tenu de la superficie des océans (70,71 % de celle de la Terre), il y a de grandes chances que les morceaux de Tiangong-1 terminent leur course au fond de l'eau.

L'occasion de préparer la rentrée destructive de l'ISS

Cela dit, cet évènement pourrait être une occasion inespérée de préparer la rentrée destructive de la Station spatiale internationale (ISS). En effet, dans le courant de la décennie 2020, la décision sera prise de désorbiter l'ISS... ce qui ne sera pas une mince affaire. La masse de la Station dépasse les 400 tonnes et, avec son envergure de 109 mètres, elle est aussi vaste qu'un terrain de football. « Personne ne sait exactement comment vont se comporter les modules lors de leur désintégration dans l'atmosphère », nous expliquait, en février 2015 Massimo Cislaghi, responsable de la mission ATV-5.

À l'époque, l'idée était d'utiliser le dernier ATV, l'ATV-5 Georges Lemaître, pour simuler la rentrée du complexe orbital, préparer au mieux sa désorbitation future et comprendre comment la Station se désintégrera dans l'atmosphère terrestre. Malheureusement, un ennui technique à bord de l'ATV-5 a contraint l'Agence spatiale européenne (ESA) à renoncer à cette simulation.

Certes, l'angle et la vitesse de rentrée de Tiangong-1 ne seront pas représentatifs de la rentrée de l'ISS mais, tout de même, sa destruction dans l'atmosphère terrestre sera riche d'enseignements. Surveillée depuis le sol, voire par des avions et l'équipage de l'ISS si les conditions s'y prêtent, la fragmentation des débris devrait nous renseigner sur la façon dont se disloqueront les modules de l'ISS.

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