Bientôt le grand jour pour le petit robot spatial franco-allemand Mascot : mercredi la sonde japonaise Hayabusa2 le larguera sur un astéroïde afin qu'il analyse sur place la surface de ce corps rocheux, relique du système solaire primitif.
À plus de 300 millions de kilomètres de la Terre, ce laboratoire miniature, de la taille d'une boîte à chaussures, aura peu de temps pour réussir ce défi, « encore jamais réalisé sur un astéroïde de ce type », déclare à l'AFP Aurélie Moussi, chef du projet Mascot au Cnes, l'agence spatiale française.
Dépourvu de panneaux solaires, le robot de 10 kg ne pourra compter que sur ses batteries pour fonctionner. Sa durée de vie sera de 12 à 15 heures.
L'astéroïde Ryugu, qui mesure 900 m de long environ, fait partie des astéroïdes « de type C », ou carbonés. « Ce sont les plus anciens : ils datent de la formation du système solaire », souligne Aurélie Moussi. « Ce sont aussi les plus intéressants, car ils ont des chances de contenir des chaînes carbonées complexes et de l'eau, briques essentielles à la vie ».
Mascot (Mobile Asteroid Surface Scout) va jouer le rôle d'« éclaireur » pour Hayabusa2 chargée de collecter quelque temps plus tard des échantillons du sol de l'astéroïde puis de les rapatrier sur Terre fin 2020.
L'enjeu de Mascot, « c'est la "vérité terrain" ». « C'est d'avoir une information in situ sur la composition du sol de Ryugu, avant le retour d'échantillons sur Terre », explique Francis Rocard, responsable des programmes d'exploration du système solaire au Cnes.
Lancée il y a près de quatre ans, la sonde a effectué un périple de 3,2 milliards de kilomètres avant de parvenir fin juin à Ryugu.
En forme de diamant, l'astéroïde s'est révélé extrêmement sombre et très accidenté. « Il y a beaucoup de blocs rocheux de diverses tailles. Ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour Mascot », relève Francis Rocard.
La plupart du temps, Hayabusa2, pilotée par l'agence spatiale japonaise Jaxa, se tient à 20 km de l'astéroïde. Récemment, elle est descendue pour larguer deux microrobots japonais Minerva, qui se déplacent par petits sauts à la surface.
Rebonds attendus
Mercredi, ce sera au tour de Mascot, accroché à la sonde, d'entrer en piste. Hayabusa2 lui facilitera la tâche est descendant très bas.
À 1 h 59 GMT, elle éjectera le robot, porteur de quatre instruments, à 60 m seulement de la surface.
Ryugu ne possède pas d'atmosphère et la gravité y est très faible en raison de sa petite taille.
Mascot tombera en chute libre pendant une dizaine de minutes environ.
Dépourvu de mécanisme susceptible de l'ancrer au sol au moment du contact, Mascot devrait effectuer plusieurs rebonds non contrôlés avant de se stabiliser.
« En revanche, la probabilité que cet engin reparte dans l'espace est considérée comme nulle », souligne Jean-Pierre Bibring, responsable scientifique de l'instrument principal de Mascot, MicrOmega.
Une fois à l'arrêt, le robot automatisé, qui ressemble un peu à un dé, vérifiera qu'il est bien sûr la bonne face grâce à divers capteurs.
Pour remplir sa mission, il faut que son antenne, qui communique avec la sonde, se trouve sur la face tournée vers l'espace et que MicrOmega regarde vers le sol.
Ce microscope infrarouge hyperspectral, développé par Jean-Pierre Bibring à l'Institut d'Astrophysique Spatiale d'Orsay (IAS), doit permettre de déterminer à l'échelle microscopique la composition minéralogique de la surface.
Mascot dispose également d'une caméra, d'un magnétomètre et d'un radiomètre pour analyser les températures au sol, fournis par l'agence spatiale allemande DLR.
Si Mascot est mal positionné, l'ordinateur à bord actionnera une sorte de bras à l'intérieur du robot, qui lui permettra de se retourner.
Ce mécanisme devrait aussi servir à déplacer un peu le robot pour qu'il analyse plusieurs points de la surface.
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