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Sur Mars, le mystère du méthane

Il gambade à la surface de la Planète rouge depuis 2012. L'astromobile Curiosity vient enfin de livrer de nouveaux résultats

Avec une parfaite maîtrise de la mise en scène médiatique, l'Agence spatiale américaine (Nasa) vient d'annoncer les résultats d'observations faites par le robot Curiosity à la surface de Mars depuis 2012. Le premier, publié dans la revue Science du 8 juin, est la détection de molécules organiques anciennes prélevées dans le cratère Gale grâce à l'instrument SAM (Sample analysis at Mars). Elles confirment l'existence de "briques" essentielles (avec l'eau) à l'apparition de la vie, il y a trois milliards d'années lorsque la Planète rouge était une soeur de la Terre.  

Le second résultat, toujours publié dans la revue Science, porte sur la détection de traces de méthane dans l'atmosphère martienne. Une énigme qui divise les scientifiques depuis de nombreuses années. Sur Terre, ce gaz joue un rôle essentiel dans de nombreux processus biologiques. L'éclairage de François Forget, spécialiste des climats planétaires au laboratoire de météorologie dynamique (Insu/CNRS). 

L'Express : Voilà une quinzaine d'années que la présence de méthane dans l'atmosphère de Mars a été détectée. En quoi cette nouvelle étude change-t-elle la donne ? 

François Forget : Les premières détections ont eu lieu en effet au début des années 2000 depuis la Terre ou grâce à la sonde Mars Express (2003). Mais ces mesures sont longtemps restées controversées parce qu'il s'agissait de volutes soudaines. Idem en juin 2013, lorsque Curiosity a effectué ses premières observations sur le sujet. Là, les Américains mettent en avant une présence moins erratique, une sorte de "fond" de méthane, car Curiosity a pu cumuler trois années martiennes d'observations continues si bien que l'on dispose désormais d'une réelle connaissance du cycle du méthane. 

Coïncide-t-il avec vos modèles numériques de l'atmosphère martienne ? 

Oui en termes de saisonnalité, moins en termes de quantité. Ces dernières sont très faibles, de l'ordre de 0,4 partie par milliard (ppm) en moyenne, mais surtout, le rover a observé des variations du simple au triple avec un pic en été. Enfin, ce méthane a une durée de vie dans l'atmosphère très courte que nous ne pouvons expliquer. S'il y a bien des libérations de gros panaches tous les trois ans, la présence de ce gaz dans l'atmosphère devrait être bien plus importante. Certains spécialistes ont avancé l'idée d'une électrochimie dans l'atmosphère où les tornades de poussières violentes se chargeraient en électricité et détruiraient le méthane. Mais il s'agit d'une hypothèse très théorique. 

Finalement ces études rendent plus complexe encore l'origine du méthane martien. D'où peut-il provenir ? 

L'une des hypothèses est la dégradation de matière organique apportée par des micrométéorites sous l'effet des ultraviolets. Mais les auteurs de l'étude doutent de plus en plus d'un tel scénario parce qu'il ne colle pas avec l'amplitude des observations de Curiosity. Ils restent cependant assez évasifs sur le sujet et ainsi nous invitent, nous les spécialistes, à retravailler nos modèles. L'autre explication couramment avancée est le stockage du méthane sous la surface de Mars dans de la glace d'eau, appelée "clathrate". C'est un processus que l'on observe sur Terre, notamment avec le permafrost arctique qui en libère régulièrement. Cela pourrait mieux coïncider avec le cycle des saisons observées sur Mars. Enfin, il y a l'origine biologique qui voudrait que ce méthane soit fabriqué par des bactéries vivantes mais cachées dans le sous-sol. Si elle fait beaucoup fantasmer le public et même si elle ne peut être totalement écartée, elle laisse les scientifiques sceptiques. 

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https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/sur-mars-le-mystere-du-methane_2015455.html

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